Biographie de SHAM 69

Dictionnaire du Rock, Michka Assayas, Robert Laffont 2000.

 

Groupe de punk-rock britannique, 1977-1980, 1988: Jimmy [James] Pursey (chanteur), né le 9-2-1955 à Londres, Angleterre; Dave [David] Parsons (guitariste); Dave [David] «Kermit» Treganna (bassiste); Mark Cain (batteur).

Ce groupe venu du Surrey industriel, au sud-ouest de Londres, et animé par le chanteur Jimmy Pursey est resté fidèle à l'esprit punk, radical et sans compromission, porte-parole de la classe ouvrière. Attirant un public de skinheads violents et racistes semant la terreur, il s'est sabordé, victime de sa popularité.

Jimmy Pursey grandit dans le petit village de Hersham, au sud-ouest de Londres. Il partage son temps libre entre la salle de cinéma et la boîte de nuit locale. Il a déjà affaire à la violence des bandes organisées. Galvanisé par l'exemple des Sex Pistols, il rassemble une bande d'amis de Hersham en novembre 1976, un certain Johnny Goodfomothing («bon à rien»), un guitariste bientôt remplacé par Neil Harris, le batteur Billy Bostik et le bassiste Albie Slider. Idéaliste et révolutionnaire, Pursey se débarrasse six mois plus tard de ces musiciens qu'il juge trop peu dévoués à la cause punk et ne conserve que Slider, recrutant Dave Parsons à la guitare et Mark Cain à la batterie. Sham 69 publie son premier 45 tours en août 1977 chez le label indépendant Step Forward, avec le soutien de Mark Perry d'Altemative TV; deux des trois titres, les furieux «I Don't Wanna» et «Ulster Boy», produits par John Cale, sont tout simplement extraordinaires de virulence et de foi. La pochette représente un manifestant en train de se débattre, traîné par la police. Quelques semaines plus tard, Sham 69 se produit sur le toit du Vortex, une boîte punk qui vient de rouvrir à Londres: la police ne tarde pas à intervenir et les musiciens finissent en prison. Les téléspectateurs de la BBC découvrent Pursey début octobre à l'occasion d'un documentaire sur la new wave (nouvelle vague, au sens premier de son apparition en Grande-Bretagne). Sham 69 commence sa carrière professionnelle en signant un contrat avec Polydor. Après avoir remplacé Slider par Dave « Kermit » Treganna, le groupe entre en studio. Le 6 janvier 1978, Polydor publie le 45 tours «Borstal Breakout » à propos d'une fameuse maison de correction (ce titre deviendra un hymne punk puisque quinze ans plus tard les New-Yorkais du groupe hardcore Sick OfIt All Ie réinterpréteront sur scène et en disque). L'album Tell Us The Truth est publié en février 1978; il est constitué d'une face enregistrée en studio et d'une autre en public. Cockney, proche de la classe ouvrière, généreux, Pursey entraîne aux concerts de Sham 69 un public très populaire qui chante en chœur les refrains, comme au footbaal, de titres tels que « Song Of The Streets » et «We Gotta Fight»: parmi eux, de nombreux skinheads sympathisants d'un National Front ouvertement raciste et xénophobe, très marginal dans la société britannique. Le malheureux Pursey mènera un combat désespéré pour raisonner et éduquer ses fans, se produisant à des Concerts organisés par l'association Rock Against Racism (Le Rock contre le racisme), mais en vain. Après la sortie au mois de juillet 1978 du 45 tours « If The Kids Are United », plaqué sur un chant du parti socialiste britannique, puis de l'album That 's Life (1978), un concert donné à Hendon en janvier 1979 révèle, devant les caméras de la BBC, que Sham 69 est dépassé et étouffé par son public: la prestation du groupe dégénère en bataille rangée entre skinheads, service de sécurité et une unité de police appelée en renfort. Le 31 janvier, à Aylesbury, Sham 69 annonce qu'il joue son dernier concert. En réalité, le groupe donnera encore trois concerts d'adieu, le 29 juin 1979 à Glasgow, le 28juillet au Rainbow de Londres et le 19 octobre de nouveau à Glasgow. Le concert de Londres, qui reste le fief de la Sham Army , est un fiasco total, où les skinheads imposent à nouveau leur loi. Après un troisième album, The Adventures Of The Hersham Boys , publié en septembre 1979, Pursey abandonne la lutte. Il s'associe avec Steve Jones et Paul Cook, songeant même un temps à reprendre le nom des Sex Pistols. Sham 69, qui doit encore un album à Polydor, publiera en mai 1980 The Game, après un avant-dernier 45 tours,« Tell The Children »,.suivi en juin d'« Unite And Win ». En novembre 1980 paraîtra la compilation The First , The Best, And The Last. Non sans courage, Jinuny Pursey tente alors de prendre un nouveau départ comme chanteur solo, récitant et chantant ses textes sur une musique de fond dominée par le synthétiseur et le saxophone, au grand dam de ses fans. Un premier album, Imagination Camouflage (1980), sera suivi de trois autres jusqu'en 1983, les deux derniers étant signés de son nom d'état civil James T. Pursey. En 1988, il a relance le nom de Sham 69 avec Dave Parsons, enregistrant l'album Volunteer , ouvert à l'influence du rap. Une série de disques live gravés à la grande époque ( Live And Loud , 1987; Live And Loud II 1988 ; Sham 's Last Stand , 1989; Live At The Roxy , 1990) entretiendront la flamme. A partir de 1992, Sham 69 a recommencé à se produire régulièrement. Historiquement, le groupe de Jimmy Pursey constitue le chaînon manquant entre la première vague punk et la seconde, dite Punk's not dead, illustrée par des groupes comme The Exploited, Charged GBH, Discharge, etc. Il reste aussi dans son identité cockney et prolétaire, à l'origine du mouvement Oi!, avec des titres ( comme «Hurry Up Harry» (« Dépêche-toi, Harry, qu'on aille boire une bière »). COMPILATION: The Best Of Sham 69 (1995).